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Walcott - Marciano
Championnat du monde des poids lourds
13e round

Elle s'appelle "Suzy Q". Elle est pulpeuse, généreuse et possède un fort caractère. Et durant des années, elle a fait tourner la tête de plus d'un homme. «Suzy Q» est la fameuse droite de Rocky Marciano. L'arme maîtresse du poids lourd italo-américain qui lui a permis de détrôner son compatriote Jersey Joe Walcott, le 23 septembre 1952 au Stadium municipal de Philadelphie.

Jersey Joe Walcott a 37 ans. Il est champion du monde des poids lourds depuis quatorze mois et sa victoire aux dépens d'Ezzard Charles. En parlant de lui, rare sont ceux qui osent le qualifier de vétéran. L'homme du New Jersey est un solide combattant doublé d'un fin technicien, vainqueur notamment de Joey Maxim et Joe Louis.

Sa maîtrise du noble art lui donne la faveur des pronostics lorsque Rocky Marciano est désigné comme son challenger. Sûr de lui, le tenant du titre ne cache pas son assurance: «Si je ne peux pas battre ce bon à rien, il faudra retirer mon nom des livres. Je sais que Marciano peut frapper fort, mais il a deux pieds gauches.

Je n'ai jamais vu quelqu'un plus facile à atteindre.» La confiance de Walcott ne semble pas atteindre l'Italo-américain, âgé de 29 ans et invaincu après 41 combats (dont 37 avant le limite).
Pourtant, une rumeur, confirmée par un détective engagé par Al Weill le manager de Marciano, prétend que le challenger ne pourra s'imposer si le combat atteignait la limite des quinze reprises. Elle répand même une indiscrétion selon laquelle l'arbitre Charley Taggert aurait été acheté...

Le mardi 23 septembre 1952, 40 379 spectateurs garnissent les gradins du Stadium municipal de Philadelphie. Dans son vestiaire, Rocky Marciano s'accorde sa traditionnelle sieste d'avant-combat. Mais alors qu'il a prévu un échauffement de 45 minutes, il est réveillé en catastrophe. «Le combat a lieu plus tôt que prévu. Tu dois être dans le ring dans un quart d'heure», l'informe-t-on.
Lorsqu'il enfourche les cordes, le challenger n'a pas les muscles chauds. Il en fait vite les frais. Après 58 secondes de combat, un court crochet gauche de Walcott l'envoie au tapis pour la première fois de sa carrière. Sa surprise est mélée d'humiliation. Au compte de 4, Marciano est déjà sur ses jambes. «J'étais plus en colère contre moi-même que touché», dira-t-il plus tard. D'autres que lui et son menton en acier n'auraient sans

doute jamais pu se relever de ce knock-down. Il prouve encore son exceptionnelle résistance lors des deux rounds suivants en encaissant d'autres coups assènés par Walcott. Ce dernier, meilleur boxeur, oppose sa technique et son coup d'œil à la puissance de son opposant. Pourtant, au terme du 6e round, Marciano mène 4-2 sur la carte de l'arbitre, alors que les juges sont neutres (3-3). Mais un événement vient perturber sa prestation.

En regagnant son coin, Marciano alerte ses hommes de coin. «Il y a quelque chose dans mes yeux. Ils me brûlent. Mes yeux sont en train de gonfler. Faites quelque chose, je n'y vois plus !» «Qu'est-ce qu'ils ont fait à Rocky ? Vérifier les gants de Walcott ! Ils ont mis quelque chose sur ses gants !», crie Al Weill à l'arbitre. Une pommade pour stopper les blessures est la cause de ses troubles de vue. Si les proches du challenger accusent le camp adverse d'avoir appliqué un produit sur les épaules de Walcott, certains observateurs évoquent eux une erreur de manipulation de ces même soigneurs.
Quoi qu'il en soit, du 7e au 10e round, alors que son coin applique une éponge humide sur ses yeux à chaque pause, Marciano est pratiquement aveugle et n'est pas en mesure d'anticiper les coups lancés par Walcott. Le pointage bascule en faveur du champion et sa chair souffre. Il a plusieurs entailles sur le visage. Mais après avoir recouvré une totale visibilité, le «Brockton Blockbuster» repart de plus belle au combat. Seulement, à l'appel de la 13e reprise, son handicap semble insurmontable. Les trois juges sont unanimes en faveur de Walcott: 7-4-1 pour l'arbitre Charlie Daggert et 7-5 et 8-4 pour les juges Pete Tomasco et Zach Clayton.

Le K.-O. est désormais la seule solution pour l'Italo-américain. Et c'est alors que «Suzy Q» fait son apparition. La fameuse droite de Rocky Marciano, baptisée ainsi en référence à la bombe lancée sur Hirochima, contre Walcott 40 secondes après le début du 13e round. Sous l'impact, le champion est totalement désarticulé. Son bras gauche s'accroche à la deuxième corde, mais ne peut empêcher sa chute au sol. Alors que l'arbitre égraine son compte, certains le croient mort. Le roi déchu reprend conscience alors que Marciano est étreint par ses proches.
Dans son vestiaire, Marciano retrouve son père en larmes, mais il n'a plus de pantalon. Un fan mal intentionné s'est offert un souvenir, obligeant le nouveau champion à quitter le lieu de son exploit avec un peignoir jeté sur les épaules. Mais avec la ceinture de champion du monde autour de la taille...
Thierry Raynal

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