Le rêve a pris forme au fil de sa carrière. Mais Julio Cesar Chavez n'a pu l'atteindre. Son invincibilité a duré 90 combats. A dix victoires seulement d'un compte rond qu'il s'était fixé. Qu'importe, au cours d'une carrière longue de 25 ans, le Mexicain a fait étalage de ses fantastiques qualités de dur combattant à la technique affinée. Une envergure qui lui a permis d'être titré dans trois catégories et de disputer 37 championnats du monde, ce qui constitue toujours le record en la matière.
A sa naissance, le 12 juillet 1962 à Ciudad Obregon, Julio Cesar Chavez Gonzalez ne semble guère promis à un brillant avenir. Son père Rodolfo est enployé aux chemins de fer et Julio Cesar grandit
dans un wagon désaffecté aux cotés de cinq sœurs et quatre frères. A l'âge de 16 ans, il suit trois de ses frères à la salle de boxe et décide d'entamer une carrière amateur. Après quinze combats (14 victoires et 1 défaite), il passe professionnel en promettant à ses parents de finir ses études en agronomie. Son entraîneur Ramon Félix fait preuve de prudence même si son élève montre déjà d'impressionnantes qualités. En deux ans, il collectionne 27 succès dont 23 avant la limite. Il est même donné vainqueur par KO (1er) de Miguel Ruiz qui l'a emporté par disqualification avant que la commission de Culiacan change le verdict et entretienne aujourd'hui encore un doute sur l'invincibilité de Chavez.
Son palmarès est de 44 victoires lorsqu'il affronte son compatriote Mario Martinez, le 13 septembre 1984 à Los Angeles, pour le titre WBC des super-plume. Martinez est stoppé par l'arbitre au 8e round et Chavez couronné pour la première fois.
Après quelques prestations retransmises sur les télés américaines, le Mexicain (1,71 m) se fait un nom et Don King flaire le bon coup. Il veut s'accaparer le nouveau champion, mais leur relation est tumultueuse. Michel Acaries mise sur Chavez pour relancer la boxe en France. Après plusieurs voyages dans l'hexagone, le promoteur américain reprend pourtant la main en faisant valoir ses droits. Le Mexicain ne fera pourtant jamais
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l'unanimité aux USA où on lui reproche de ne s'exprimer qu'en espagnol.
A la suite de neuf défenses victorieuses en trois ans, le Sud-Américain se lance à la conquète de la ceinture WBA des légers détenue par Edwin Rosario. Irrité par les insultes proférées par le Portoricain vis-à-vis du peuple mexicain, Chavez se venge en s'imposant dans la 11e reprise, le 21 novembre 1987. Son objectif est alors d'unifié le titre. Celà passe par un duel «fratricide». Le 29 octobre 1988, Chavez retrouve son ami José Luis Ramirez à Las Vegas. Les deux opposants se sont côtoyés durant des années au sein de la même salle. L'affrontement tient toutes ses promesses, mais blessé, Ramirez est stoppé dans la 11e reprise.
Sept mois plus tard, le généreux Empereur qui fait vivre une centaine de personnes s'impose dans une troisième catégorie en délestant Roger Mayweather du titre WBC des super-légers (aban. 10e). Julio Cesar se lance alors à la conquète du titre IBF détenu par Meldrick Taylor. Le combat, disputé le 17 mars 1990 à Las Vegas, est gravé dans l'histoire. Mené aux points au début du 12e round, Chavez renverse la vapeur à quatre secondes de la fin. Après chaque victoire, Chavez accueille d'interminables fêtes dans sa propriété. La bière qu'il aime tant coule à flot et les enfants de son quartier repartent avec des cadeaux. Il écrit d'autres grandes pages de sa carrière en battant aux points Hector Camacho, puis en remplissant le stade Azteque de Mexico (132 275 spectateurs) face à Greg Haugen (arrêt 5e).
Mais le 10 septembre 1993 à San Antonio, Chavez se trouve mêlé à une controverse. Son combat pour la ceinture WBC des welters contre Pernell Whitaker est conclu d'un nul (deux fois 115-115 et 113-115 en faveur de l'Américain) que ne manquent pas de contester les fans de «Sweet Pea» évoquant l'influence de Don King. Quatre mois plus tard, l'hirsute promoteur ne peut éviter le premier échec de son protégé. Face à Franky Randall, JC connaît le premier voyage au tapis de sa carrière (1er round) et s'avoue vaincu aux points. Après avoir repris son titre, un nouveau défi attend le souverain. Face à Oscar De la Hoya, il connaît un deuxième échec (arr. de l'arb. 4e) annonçant le crépuscule de sa carrière. Deux ans après leur première confrontation, le Golden Boy confirme sa suprématie (arr. de l'arb. 8e), avant que Kostya Tszyu envoie le vétéran mexicain vers une retraite (arr. de l'arb. 6e) qu'il retarde. En novembre 2003, il est à l'affiche de Tijuana en compagnie de deux des ses trois fils, Julio Cesar Jr et Omar. Une dernière tournée d'adieu en 2005 et l'idole du Mexique tire sa révérence avec un prestigieux palmarès (107 victoires, 86 avant la limite, 2 nuls et 6 défaites).
Thierry Raynal
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