ACCUEIL   AJOUTER AUX FAVORIS     RECOMMANDER  
Rechercher
   
 
 
Newsletter



Angelo Dundee
(1923-2012)

Il a eu quinze champions du monde sous ses ordres. Parmi eux, Carmen Basilio, José Napoles, Sugar Ray Leonard ou George Foreman. Angelo Dundee a surtout été l'entraîneur de Muhammad Ali durant toute sa carrière. L'un des meilleurs coachs de tous les temps a infusé son savoir à ses protégés durant un demi siècle avant de s'éteindre à l'âge de 90 ans.

«Je sais comment battre George Foreman !» Angelo Dundee avait la solution. Muhammad Ali l'a parfaitement appliquée. En octobre 1974 à Kinshasa (Zaïre), l'entraîneur convainc son boxeur d'éprouver le champion du monde des poids lourds qui n'a plus dépassé la distance de quatre reprises depuis une quarantaine de mois. Après huit reprises, le duo peut savourer la page d'histoire qu'il vient d'écrire. A 51 ans, Angelo Dundee réussit l'un des plus gros paris de sa carrière.
Car l'entraîneur américain a connu d'autres grands moments au cours d'une épopée qui s'est étendue sur 50 ans. A son palmarès, quinze champions du monde.

Et pas des moindres (Basilio, Pastrano, Napoles, Ramos, Leonard, Foreman ou Nunn...)
Tout le prédestinait à marquer de son empreinte l'histoire du noble art. A sa naissance, le 30 août 1923 à Philadelphie, la boxe tient déjà une part importante dans la famille d'Angelo Mirena de son vrai nom. Son frère aîné Joe est boxeur professionnel. C'est d'ailleurs lui qui emprunte le nom de Dundee en hommage à Johnny, champion des super-plumes et des légers dans les années 20. Angelo n'effectue, lui, qu'une très courte carrière dans les rangs militaires durant la seconde guerre mondiale. Il décide de suivre à New York son autre frère Chris, qui démarre une carrière de promoteur. Agé de 25 ans, Angelo possède déjà une petite expérience d'entraîneur qu'il perfectionne au Stillman's Gym. Il cotoie Charley Goldman, Ray Arcel, Chickie Ferrara ou Bill Gore, de prestigieux hommes de coin.
Lorsqu'en 1950 Chris s'installe à Miami, où il sera promoteur exclusif durant 25 ans, Angelo est toujours à ses cotés. Deux ans après avoir dirigé son premier boxeur, Bill Bossio, Dundee est appelé dans le coin de Carmen Basilio en tant que deuxième entraîneur et cutman (soigneur). Il devient officiellement son coach quelques temps plus tard

et empoche avec lui son premier titre mondial, lorsque Basilio bat Tony De Marco pour la ceinture des poids welters. Sa carrière est lancée. Elle prend son véritable envol lorsque qu'un jeune prodige fait appel à ses services.
Cassius Clay rentre avec l'or olympique des jeux de Rome en 1960. Il ne répond pas aux sollicitations de Cus D'Amato ou Rocky Marciano qui désirent devenir son manager et renvoie son premier entraîneur, Archie Moore, pour embaucher Dundee. Le tandem se forme en octobre 1960. Leur première rencontre avait eu lieu un an plus tôt. Présent à Louisville avec Willie Pastano, Dundee est interpelé par un jeune garçon qui obtient la possibilité de mettre les gants avec son boxeur pendant un round. «Je n'ai pas pensé qu'il serait un immense champion. Mais après son titre olympique j'en avais la certitude», dira Dundee. «Sans Angelo, je n'aurais pas fait cette carrière.» L'hommage du "Greatest" est teinté d'une grande sincérité. Il sait ce que lui a apporté ce petit bonhomme à lunettes qui a toujours su mettre en valeur les qualités de ses protégés. Dundee sait aussi employer quelques astuces quand l'urgence s'en fait sentir. Lorsque Clay est envoyé au tapis par le Britannique Henry Cooper en 1963, il trouve le moyen de demander un changement de gant pour permettre à son boxeur de récupérer. «Durant la minute de repos, Angelo est superman», dit de lui Ferdie Pacheco, le médecin d'Ali, qui fait surtout allusion aux mots prononcés par le coach, comme aux soins qu'il a su si bien leur administrer.

Tout en poursuivant son travail avec Ali, Angelo Dundee guide avec brio d'autres hommes vers les sommets. Lors de la soirée du 21 mars 1963 à Los Angeles, Sugar Ramos, couronné en plume face à Davey Moore, et Luis Rodriguez, vainqueur d'Emile Griffith en welters, lui offrent deux ceintures. Quelques mois plus tard, Willie Pastrano (en mi-lourds) et Ralph Dupas (en super-welters) décrochent à leur tour le titre suprême. Il permet à Jimmy Ellis d'être sacré chez les lourds (1968) et au Cubain José Napoles de devenir le roi des welters (1969).
Après le retrait des rings d'Ali, un autre talent fait appel à ses services: Sugar Ray Leonard. Le champion olympique des super-légers à Montréal (1976), que Dundee qualifie de «petite version d'Ali», bénéfice à son tour de l'expérience de son entraîneur pour décrocher son premier titre mondial en 1979. Il le rappelle de sa retraite en Floride pour de son éblouïssant come back face à Hagler en 1987. George Foreman, devenu pasteur, le sollicite également pour remonter le temps en 1991. Avec Dundee, il redevient champion du monde des lourds en 1994, vingt ans après avoir perdu le titre. Pinklon Thomas, Slobodan Kacar et Michaël Nunn apporteront à Angelo Dundee autant de titres mondiaux. Le dernier champion du monde qu'a préparé le prestigieux coach est James J. Braddock. Pas le vrai, évidemment, mais Russel Crowe qui a interprété le rôle de Cinderella Man dans le film «De l'ombre à la lumière». Le réalisateur Ron Howard offre à Dundee un petit rôle. Celui d'Angelo, un homme de coin...
Thierry Raynal

Copyright © lenobleart.com 2004 - 2014 - email: -