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Téofilo Stevenson
(1952-2012)

Le Cubain est entré dans la légende en remportant trois médailles d'or aux jeux Olympiques (1972, 1976 et 1980) dans la catégorie des lourds. Son fantastique palmarès compte également trois titres mondiaux (1974, 1978, et 1986). Téofilo Stevenson a rejeté toutes les offres des Etats-Unis pour passer professionnel et ne croisera Muhammad Ali qu'en dehors des rings. Il a été vice-président de la fédération cubaine de boxe et député au parlement.

Sa réponse claque comme son direct du droit. «Qu’est-ce qu’un million de dollars comparé à l’amour de mon peuple ?» Nous sommes en 1974. Téofilo Stevenson adresse une fin de non recevoir à Angelo Dundee, désireux d'opposer le champion olympique des lourds à Muhammad Ali en cinq rounds au Madison Square Garden de New York. Le Cubain n'a que 22 ans, mais ses convictions sont déjà tenaces.
Elles le seront toujours, quelques années plus tard, lorsque d'autres promoteurs américains tenteront de le courtiser. Rien n'y fera. Ni Bob Arum qui lui propose une chance pour le titre mondial des lourds contre Leon Spinks,

pas plus que Don King, pour un combat contre Larry Holmes, qui reviendra à la charge des années après avec 4 millions de dollars pour un affrontement contre Mike Tyson.

En 1977 pourtant, la fédération cubaine proposa un arrangement à l'AIBA (la fédération internationale amateur): Cinq combats contre Ali en trois reprises sans que Stevenson ne perde son statut d'amateur. Exclus dans un premier temps par l'AIBA, le projet est retenu un an plus tard. Mais Ali refusera de s'engager, répondant qu'il avait tout à perdre.
Sur la grande place de la révolution, Fidel Castro dressera à plusieurs reprises des louages à Stevenson pour avoir repoussé «les trafiquants de corps et d’âmes» qui avaient tenté de l'attirer par la richesse. Toute sa carrière, celui que l'on considére comme le plus grand boxeur amateur de tous les temps est resté fidèle à ses convictions.

Teofilo Stevenson Lawrens est né le 29 mars 1952. Il grandit à Puerto Padre, dans province de Las Tunas, où ses parents travaillent dans les plantations de canne à sucre. Son père est natif de Saint-Vincent et sa mère, née à Cuba, est fille d’immigrants de Saint-Kitts. Ceci explique pourquoi Stevenson parle anglais.
D'abord basketteur, le jeune

Téofilo se dirige vers une salle de boxe à l'âge de 12 ans. Il est découvert par Alcides Sagarra, le père de la grande école cubaine de boxe, et se rend à La Havane pour suivre une formation destinée aux jeunes sportifs les plus talentueux. «J’ai perdu 14 de mes 20 premiers combats, dont les trois premiers. Je n’aimais pas qu’on me frappe et encore moins perdre.» Mais les succès ne tardent pas. Il remporte sa première compétition à l'étranger au tournoi de l'Amitié à Sofia (Bulgarie) en 1970.
Le monde découvre ce Cubain à la belle gueule et au physique impressionnant (1,92 m) en 1972 aux JO de Munich. Téofilo vient de remporter le deuxième de ses douze titres nationaux (de 1971 à 1986) et prétend à l'or olympique. Ce que conteste l'Américain Duane Bobick, vainqueur du prodige en 1/2 finale des jeux Panaméricains un an plus tôt. Mais lors de leurs retrouvailles en 1/4 de finale, Stevenson le met KO dans la 3e reprise. Puis c'est au tour de l'Allemand Peter Hussing de subir le même sort en deux rounds. «Je n'avais jamais été frappé aussi fort, confie ce dernier. On ne voit pas venir sa main droite et tout d'un coup elle est là, sur votre menton.» La finale ne semble être qu'une formalité pour Stenvenson. Elle l'est puisque le Roumain Ion Alexe est forfait pour blessure.
Quatre ans plus tard à Montréal, après avoir décroché son premier titre mondial en août 1974 lors des premiers des Mondiaux à La Havane, le champion olympique en titre, qui vient d'être élu au parlement cubain, se débarrasse de ses trois premiers adversaires en un temps record de 7'22'', dont l'Américain John Tate mis KO en demi-finale en 1'36''. En finale, le Roumain Mircea Simion tient jusqu'au 3e round et un jet l'éponge de son entraîneur.

Après ses deux titres olympiques, Stevenson double également la mise aux championnats du monde en 1978 à Belgrade. Un an plus tôt pourtant, l'explosion d'un réchaud à alcool lui avait occasionné de graves brûlures faisant douter de la suite de sa carrière. Il se présente à Moscou en grandissime favori compte tenu du boycott des Américains. En demi-finale, le Hongrois Istvan Levai est le premier à tenir trois rounds face au champion cubain aux JO, mais il s'incline aux points. Stevenson décroche sa troisième médaille d'or et égale le record du Hongrois Lazlo Papp en battant le Russe Pyotr Zayev en finale.
Malgré cela, beaucoup pensent que le champion est sur le déclin. Sa force de frappe ne fait plus des ravages et l'Italien Francesco Damiani le bat aux points en 1/4 de finale du Mondial 1982 à Munich. L'année suivante, il s'incline devant Jorge Luis Gonzalez au championnat national et face à l'Américain Greg Payne lors des championnats nord-américains. Mais deux ans plus tard, il est sacré chez les super-lourds, au Mondial de Reno, à 34 ans. Le dernier titre pour le grand Cubain qui annonce sa retraite en juillet 1988 après un combat d'adieu à Las Tunas, avec un palmarès de 302 victoires pour 22 défaites.
Il s'est éteint à 60 ans, le 11 juin 2012, des suites d'un accident cardiaque.
Thierry Raynal

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