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Rocky Marciano
(1924-1969)

Retiré invaincu après 49 combats (dont 43 victoires avant la limite !), Rocco Marchegianno de son vrai nom a marqué de son empreinte la catégorie des poids lourds dans les années 50. Sa détermination, son menton d'acier et "Suzy Q" lui ont permis de vaincre tous ses brillants challengers.

Rocco Francis Marchegianno est né le 1er septembre 1924 dans un quartier modeste de Brockton, en banlieue de Boston (Massachusetts). Il consacre ses tendres années au football et surtout au base-ball, malgré les rudiments de noble art inculqués par son père Perrino, un Napolitain qui avait quitté son pays à l'âge de 15 ans.
Ce n’est qu’en 1944, sous l’uniforme des GI's qu’il découvre son punch lorsque dans un pub de Swansea (Pays de Galles), il étale d’un seul coup un géant belliqueux.

Démobilisé sans situation viable, il épouse Barbara qui l’encourage à quitter son métier de terrassier pour une carrière pro, après

avoir livré douze combats amateurs (huit victoires, quatre défaites).
Puissant mais maladroit, le jeune italo-américain est repéré par le célèbre organisateur Al Weil, qui le confie à Charley Goldman. Au lieu de corriger ses faiblesses (déséquilibres et absence de boxe à distance), celui-ci le perfectionne à se désaxer afin de combler son déficit de taille et d’envergure.
Deux ans plus tard, malgré son style monocorde, Rocco reste invaincu. En 20 combats, il n’a accomplit que 70 rounds et n’entend le son d’un gong final pour la première fois qu’en octobre 1949.

Son secret ? Un menton d’acier, une exceptionnelle santé issue d’une rare abdication aux entraînements et une détermination au combat qui pousse à le comparer au grand Jack Dempsey. Le Madison Square Garden chavire sous le charme de ce «bulldozer obstiné» au comportement empreint de gentillesse et de simplicité loin des cordes : terrifiant lorsqu’il provoque une commotion cérébrale à Carmine Vingo, mais si attachant lorsqu’il passe des nuits blanches au chevet de cet adversaire, au Rockfeller Hospital, afin d’épier toutes évolutions favorables de santé.

Son ascension l’emporte vers le défi qu’il redoute: affronter Joe Louis, l’idole de son enfance et l'incomparable

champion de septembre 1935 à juin 1948, de retour sur le carré magique par manque de d’argent.
La correction que le jeune loup inflige à l’ombre du mythe, en octobre 1951, lui ouvre les portes du titre même si Rocky vient s'excuser en larmes dans le vestiaire du champion déchu. Cette victoire lui laisse un goût amer qu’il gardera toute sa vie. Le 2 septembre 1952, mis à terre au deuxième reprise et dominé techniquement par Jersey Joe Walcott, il décroche le sacre mondial dans le 13e round sur une droite en contre stupéfiante. "Suzy Q", le nom qu'il avait donné à son poing droit en référence à la bombe atomique lâchée au-dessus du Japon, venait encore de faire des siennes ! Archie Moore dira plus tard à propos de son arme fatale: "sa droite arrive aussi vite qu'une balle de base-ball".

Après avoir battu Walcott lors de la revanche, puis LaStarza, un seul challenger se dresse devant lui. Il s'agit d'Ezzard Charles, l’ancien champion du monde, qui court après "sa" couronne cédée trois années auparavant.
Lors du premier combat, en juin 1954, les coups de Charles entaillent les arcades du champion. Mais le challenger s’incline aux points sur une décision serrée mais unanime (8 rounds contre 6 rounds pour 1 nul). La revanche, trois mois plus tard, tourne encore à l'avantage de Marciano et de "Susy Q" qui envoie Charles au tapis dans la 8e reprise. Après deux nouvelles défenses victorieuses l’année suivante, sur Don Cockell puis Archie Moore, l’annonce du retrait de Rocky est accueillie avec stupeur. Certaines rumeurs sur ses violents maux de tête et ses problèmes de vertèbres sont contredits par ses motivations: "Ma manière de me battre m’imposait de m’entraîner plus qu’aucun autre boxeur. La vie d’ascète loin de chez moi que je menais dans les camps, était devenue trop dure pour ma femme, ma fille et ma mère à qui j’avais promis d’arrêter la boxe dès que j’aurai gagné suffisamment d’argent."

Marciano reste l’unique champion des lourds dans l’histoire à s’être retiré invaincu (49 combats, 49 victoires dont 43 avant la limite !)
Econome du pactole de quatre millions de dollars gagné sur le ring, sa grande lucidité et son triste souvenir d’avoir administré à son idole le "combat de trop", lui feront toujours refuser les offres pour affronter ses successeurs Floyd Patterson et Sonny Liston.
Hélas, il ne jouit pas de son aisance bien longtemps. Le 31 août 1969, à quelques heures de son 46e anniversaire, Rocky perd la vie dans accident d’avion près de l’Iowa. Il ne connaîtra jamais le résultat du "computer fight" qui l'opposait à Muhammad Ali (sa 50e victoire, par KO au 13e round).

Malgré sa morphologie (ses bras courts et ses jambes trop musclées) et son style souvent décrit, à tort, comme frustre, Marciano restera à jamais au Panthéon des légendes. Sa pugnacité, son exceptionnel menton et sa puissance en ont fait l’un des plus grands cogneurs de l'histoire, qui a livré en moyenne cinq rounds par combat. Joe Louis lui même, illustra son prestige : "Ce n’est pas sur ma carrière qu’il faut prendre exemple, mais sur celle de Rocky Marciano".
Sébastien Boniface

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